(S) E X P E R I E N C E 11/01/2025
24 janvier 2024
Te confondras-tu pour autant avec un arbre ou un animal, parce que tu les contemples et parce qu’ils existent avec toi dans un seul et même monde ? Te faut-il être tes idées, parce que tu es dans le monde de tes idées ? Mais tes idées sont autant en dehors de ton Soi que les arbres et les animaux sont en dehors de ton corps.
– C.G. Jung, Liber Novus
C’est la première fois je crois que j’ose publier un dessin aussi frontalement choquant. Je ne dirais pas provoquant, mais on est tous d’accord pour dire que c’est pas joli-joli. Quand j’étais jeune enfant, au tout début, quand j’ai commencé à dessiner, mes premiers dessins était très sombre quand ils n’étaient pas carrément gore avec une composante sexuel tordue dissimulé dans de petits détails. On m’a vite fait comprendre que ça me stigmatiserait et que ça se terminerait par un suivit psychologique. L’ironie c’est que depuis quelque temps je me passionne pour C.G Jung. Ça ne vaut surement pas une thérapie mais je pense que ça m’aide à mieux appréhender les images qui m’habitent et que j’ai sans doute trop longtemps préservé du regard des gens par honte et par pudeur.
Pour autant je suis pas certains de l’utilité de partager ce genre de chose, mais en même temps ça en dis surement moins sur moi que sur l’époque et le monde dans lequel je vie. Ça me fait chier de dessiner des trucs et les garder pour moi. Autant ne pas les dessiner et les garder dans ma tête. Or c’est précisément ce que je ne peux plus faire. Garder des choses qui ne m’appartiennent sans doute pas… Je suis trop vieux pour accumuler toutes ces merdes.
11 Janvier 2025
Quand je vis que le diable était la joie, j’aurais volontiers conclu un pacte avec lui. Mais tu ne peux conclure de pacte avec la joie, car elle se dissipe et t’échappe aussitôt. C’est pourquoi tu ne peux non plus capturer ton Diable. Et même, qu’il ne puisse être capturé fait partie de sa nature. S’il se laisse attraper, c’est qu’il est stupide et tu n’a aucun avantage à avoir un diable stupide de plus. Le diable cherche toujours à scier la branche sur laquelle tu es assis. C’est utile et te prémunit contre l’engourdissement et les vices qui y sont liés.
Le Diable est un élément mauvais. Mais la joie ? Que la joie comporte aussi le mal en elle, tu t’en aperçois quand tu la poursuis, car tu tombe alors dans le désir, et du désir directement en enfer, dans ton enfer qui t’es propre et qui pour chacun prend une tournure différente.
Lors de mon arrangement avec le Diable, ile me prit une part de mon sérieux, et moi une part de sa joie. Cela me donna du courage. Mais si le Diable a gagné en sérieux, il faut se tenir prêt à tout. C’est toujours chose risquée que d’accueillir la joie, mais elle nous conduit à la vie et à sa désillusion dont est faite la totalité de notre vie.
– C.G. Jung, Liber Novus
Dans la liste longue comme un bras de projets en suspend, certains remontent au milieu de mon adolescence. Mais à l’époque je n’avais soit pas assez vécu, soit je n’avais pas les ressources pour digérer des expériences arrivés bien trop tôt. D’horribles images s’imposaient dans mes visions et rêveries. Et je m’efforçais d’y trouver du sens dans mes lectures, les films ou les jeux vidéos qui m’occupaient. Et notamment Silent Hill. Les sensations, les souvenirs et les pensées hideuses sont paradoxalement moins menaçante quand elles sont prisonnière d’une forme métaphorique qui les rendent impuissantes, au moins pour un temps.
Dans la reconstruction de mon histoire personnel, des décennies après, tout semble clair et limpide. Je ne ressens plus ni haine, ni colère ni dégout. Seul demeure le constat glacial mais serein que je suis bien peu de chose. Qu’il y a peu de place pour le libre arbitre, que dans leur morale comme dans leurs vices, il y a bien des mensonges. Et je continue de naviguer entre ceux là.
Aujourd’hui je me sens capable trouver un terme et une conclusion à l’un de ces nombreux projet. L’édifice qui a jadis été profané me sera restitué. Craignez le monstre que vous avez laissé habiter ces murs pendant mon absence, que vous avez copieusement nourri de votre bêtise crasse et de votre ignorance. Il est bien le seul pour qui le temps n’est pas un naufrage et qui au contraire consolide son implacable brutalité vengeresse.